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Aux mouchoirs exaltés

22 février 2013

Route

Peu importe la route

Si je sais que tu veux la prendre

Je t'y suivrai

Sans regarder, sans penser en arrière

Je t'y suivrai quoiqu'elle m'importe peu

 

Seul me suffit le ciel

Et tes yeux dans lesquels je l'observe

Seule me suffit ta voix sans écho sur la route le soir

Gorgée de rosée

 

Je te suivrai le long du monde

Et m'allongerai à tes côtés

Nous partagerons l'horizon

Pour toi l'infini, pour moi la liberté

Et nos deux fronts dans la brise.

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4 février 2013

Voyage

J'ai oublié mes regrets sur le bord de la route

J'ai levé le nez, le ciel était gris

Il a plu un peu sur ma langue et je me suis étonnée de ne pas goûter de sel

J'ai eu mal aux pieds à trop voyager

Et mal aux yeux devant l'horizon

J'ai eu mal du vent

Comme j'ai aimé son froid

J'ai aimé ma fatigue car elle était du monde

Elle était des routes.

3 janvier 2013

Le décès de vingt minutes

Un instant une histoire.

Il faut la rêver, faire vite.

 

C'est un enfant sur une route – ne pas chercher pourquoi, accueillir l'image seulement, la bercer. Un silence, le temps d'un soupir ; puis l'étendre. C'est un enfant sur une route, une fillette en nu-pieds, elle se tient droite et triture (une pause, octosyllabes malgré soi) la poussière qu'elle soulève à chaque pas. Du bout de la chaussure elle gratte, déloge un caillou qui rote un ourlet de poussière et s'en va rouler dans le fossé. Elle est toute rougie de poussière, elle a la couleur du chemin. Les herbes aussi qui se tiennent le long du sentier ont le bout teinté d'argile. Elle n'avance pas, il n'y a nulle part où aller après tout, nulle part d'où venir : seulement la route, et encore, seulement ce coin du monde sans vent ni soleil, sans ombre et sans pluie, seulement ce petit trou qu'elle a gratté dans la route. Elle se penche vers lui, ses cheveux la suivent. Une jambe courbée seulement, l'autre en l'air, comme on tire la langue en réfléchissant. Là, le trou gigote, sort de lui-même : un petit insecte couleur de poussière qui fuit la taquine, rejoint sa pierre dans le fossé. Elle, elle met le doigt dans le trou, c'est bien naturel après tout, et elle farfouille. Il y a un monde là-dessous, sans aucun doute. Enfin. Le mollet tire, elle se redresse, change de jambe. Le nez en l'air, humer le rien, s'enivrer de son odeur de cuivre et de poussière. Fermer les yeux tant qu'on y est, écarter les bras et laisser venir à soi le reste, ce qu'on ne soupçonne pas, ce qui se cache, ce qui se tait. Il n'y a rien et c'est bien assez comme ça, c'est assez beau une fillette sur une jambe dans la poussière. La poussière déjà c'est assez.

26 novembre 2012

Qu'elles ne cessent jamais

Ces jours-ci me remplissent d'une exaltation que j'ai du mal à définir et même appréhender. Toutes les beautés crasses du monde me sautent à la gorge à chaque pas que je fais dans l'air frais de Novembre, et je palpite pour les ruisseaux sales de pétrole et de bave autant que pour les frissons des branches sur le couvercle blanc du ciel. J'ignore si c'est là du bonheur mais mes pieds qui s'emmêlent aux feuilles mortes sous les allées de platanes me portent avec autant de légèreté que le souffle qui caresse mes poumons.

Ce n'est peut-être pas tant du bonheur qu'une somme de joies simples qui n'en finissent pas de me transpercer.

9 octobre 2012

So I guess we are done. Here is to farewell.

Long gone is the feeling I held when you were in my arms

Long gone and I remember every breath that we took

When we stood where we should and where everything meant

What it was meant to mean

I know that you forget with every passing day

A little bit of what we were

And I do not blame you for I do forget too

The faces, the places and the names

But I never let go of your shade in my soul

I hope that I remain, even cursorily

Deep where you put the sweet things that are lost

But that you can still taste in the cold and lonely nights

Though our love has faded I will always love you

Like growing up we love the childhood that we left.

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19 mai 2012

"De vent" ou Tentative coctelienne

Dans la nuit citadine où
Se perdent les soupirs
J'ai cru déceler un écho

Aux fenêtres passait
    Drapé de silence
    Battement d'aile muet
Le vent

Comme je ne pouvais pas dormir
J'ai enjambé la ballustrade
Je l'ai suivi

Sous les cieux        - comme une porte vers l'infini mais qu'il dédaigne
            nous aimant trop
Il a roulé nos corps
Il a
Léché le monde de sa tendresse

Au matin nous glissions toujours



Amants amantes du vent nous
Levons les bras nous
Ouvrons la bouche nous
Goûtons de tout le corps
Ses caresses et ses colères

10 mai 2012

Gruyère de mon âme

Je connais tant d'amours et je n'en veux pas d'autres mais on ne les choisit pas. Elles viennent un jour s'asseoir dans le vaste salon de mes indifférences ; elles restent là, discrètes, et deviennent habituelles, jusqu'à ce que leurs traits recouvrent tous les murs, jusqu'à ce qu'une colère ou une absence fasse trembler ces murs et découvre soudain le palais qu'elles s'étaient construit en secret au fond de moi, que je n'avais jamais soupçonné mais auquel je dois faire face désormais chaque heure de chaque jour.

J'ai trop à l'intérieur de ces palais cyniques. Ils me grignotent à l'infini et pourtant il restera toujours de la place, car j'aime mes amours involontaires comme on aime ses os.

27 avril 2012

Initiation

Là-haut sur les monts rouges

Là-haut où

Les mers du ciel se brisent

Et saignent au matin

Je veux aller

 

J'irai là-haut cueillir

Un morceau de nuage

Un pan de

Ce que l'aube y accroche

Et je ceindrai mon front

De cet éclat

 

Alors je reviendrai

Sereine et j'oserai

Vous baiser sur les joues

Mes amours et

Vous prendre dans mes bras

Humides encore

De perles d'ambroisie.

18 mars 2012

Deuil

Les morts sont des chansons

Comme celle à qui font écho les trottoirs

Dans les belles grisailles de Novembre

Écho d'un cœur

Les talons des passants comme ce rythme qui ne bat plus

Mais des sourires à chaque porte

Reflets de ton essence dissipée dans le froid

Ils fêtent tous sans le savoir

Ton anniversaire.

4 mars 2012

Couleurs, couleurs

J'aurais aimé baiser le petit os frais de ta clavicule juste à cet instant, dans le silence de la bibliothèque tantôt agacé par des rires étouffés : l'œil tout perdu dans la fenêtre, dans le bleu, le bleu violent que reflètent les tables de la bibliothèque. On aurait eu des frissons sur la moquette, à subir avec exaltation toutes les couleurs primaires et bestiales des tranches de livres et des rideaux. On aurait eu froid, comme j'ai froid maintenant, de tout ce bleu, le ciel et le bureau et les poubelles et les étagères et le manteau de la voisine et tes yeux bleus. Je devrais travailler mais à la place je pense à toi.

 

Et dans le bus l'autre fois j'ai eu de ça dans la tête :

How come when I'm happy I don't look at the sky

But then when I am sad it keeps catching my eye ?

 

Et puis aussi, dans la même exaltation des couleurs :

À Saint Michel sous les néons voir les mambos

Les rires de lampadaires

Où d'autres entendent les échos

Des nostalgies d'hiver

 

En résumé c'est que :

La poésie me revient, la poésie

Et sa langueur

Juste prix à payer pour du rêve et du lait d'étoiles

Qu'un peu d'aiguilles au cœur

 

Au final je crois bien que le suicide ce sera

La couleur qui m'aura bouffée.

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