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Aux mouchoirs exaltés
23 octobre 2011

Erreurs de signalisation

Ça se veut poète et ça ne sait rien dire, ça ne sait que cracher. Des zestes seulement, pelés sur l'abdomen – sur celui du possible, hein ? ne rien, rien inventer.

Je ne vois le dehors qu'à travers les trous qu'ont fait les griffes des chats dans mes rideaux ; cette lueur, à ras du crâne toujours, ne passe pas la forêt du bout de mes paupières. Elle est pour les autres, les grains de poussière dans le vent de l'éternité – mais au moins eux font éternuer.

Je me serais faite peintre, si les couleurs avaient le bleu grognon de mes pensées ; ou musicienne, si vriller du larynx pouvait faire trébucher les yeux ; ou cinéaste, que sais-je ? si dans le monde un sable avait la profondeur de mes angoisses. Mais je n'ai trouvé que dans les mots, ou du moins les espaces entre eux, dans les reflets des pages blanches, la vague odeur de ce que je cherchais. Elle s'évapore un peu plus à chaque seconde que je déglutis ; j'ai beau gratter, elle se dérobe. Un instant coincée sous un ongle, on croit pouvoir la saisir, mais erreur ! ça n'était que la terre pullulante où s'agitent sans nombre les asticots de tout ce qui s'est déjà dit. Bien fait, murmurent les sylves d'autrui, bien fait : à trop plonger les doigts dans la glaise du passé, on n'en tire que les mauvais vers.

Aveugle, je tâtonne des lettres qui m'échappent ; sourde, je fais tinter des sons qui ne trouvent que le silence pour écho.

J'ai cru faire valser le monde à la pointe de ma langue, ce coussin où se vautre l'ennui : prétention de fillette ! Il a gonflé, gonflé, je me suis étouffée en moi-même.

Les briques n'ondulent plus sur les murs de mon âme, dans leurs fissures ne poussent plus les herbes d'idéal, et je ne rêve plus aux bras de l'Éternel où me lover un soir, un matin de ma mort.

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Aux mouchoirs exaltés
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