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Aux mouchoirs exaltés
3 septembre 2011

Ça ne survit jamais au froid

Pourquoi pleurer ? Rien n'est fini ; la neige encore intacte sur les murets a la couleur de ton sourire, ses cristaux invitent les caresses dans des crissements amoureux. Je la piétine sur les sentiers en pensant à toi, quand la froidure hivernale fait frissonner sur moi l'absence de ton étreinte. Rien n'est perdu ; et, si les oiseaux fuient le ciel en nuées comme des grains de vanille, ils nous laissent en partant une promesse de renouveau. Les branches nues des arbrisseaux, si dures de gel qu'on les pourrait briser entre deux doigts, parsèment le paysage de rainures sombres ; mais, vois, elles ne font que souligner la blancheur aiguë des prés ! Je veux croire que notre amour ne se tait que comme les fleurs des champs, par pudeur, le temps du baiser glacé de l'hiver qui ravive leurs couleurs, la rondeur mordorée de tes joues. Au printemps, les bourgeons de notre tendresse s'ouvriront à neuf, plus doux encore ; dans leurs pétales les reflets satinés de la constance. Je ne demande qu'à ce que ta patience, lassée sans doute de ce ciel trop blanc, accorde un sursis aux nuages : ils fileront en deux clignements soucieux de tes yeux bruns. Ne crois-tu pas pouvoir dépasser le hérissement que ma peau sur ta peau déverse, comme un ruisseau déborde parfois malencontreusement de sa prison de givre, et qui n'est pas de froid ? Je baiserais ces grains si la chaleur de mes lèvres pouvait les faire fondre ainsi que fondent les flocons.

Hélas tu m'échappes, entre les arbustes à présent morts de nos caresses passées, dans les étendues glacées où tu aimes désormais à te perdre sans moi. Du moins tâche de ne pas m'oublier, comme on oublie trop aisément la fraîche morsure de l'hiver au sein d'un été trop brûlant, et confie-moi la clef de ce coeur que tu veux enterrer, que je souffle sur elle du peu de souffle que tu m'as laissé, dans l'espoir - fou, je le sais - d'en voir un jour céder à nouveau la glace.

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